lundi 24 mars 2014

L'aventure commence

Depuis quelques jours les choses s'étaient précipitées. La fin de mes prouesses guerrières et donc de mon contrat à la légion, la retrouvaille inopinée au cœur du quartier latin avec mon parrain tzigane , mystérieux en diable, charismatique et invisible tout à la fois, sage, silencieux et dont l'ascendant sur ma personne ne faisait aucun doute d'autant mieux que ma ferveur à son endroit datait de mon enfance et ne s'était jamais démentie. Dans mon clan les choses n'arrivent jamais "par hasard" comme on dit. Non pas qu'il existe un "plan supérieur guidant la destinée" ce concept, dans ma famille, était absurde et bien loin de l'idée de providence à la quelle nous étions si attachés et qui se  mesurait à l'aune de la force de caractère et de la foi que l'on mettait à vivre. L'éducation, par chez nous, n'était pas une mince affaire. Depuis le fond des siècles nos familles avaient du lutter contre moult sortes d'adversités à travers toutes les contrées traversées, les cultures diverses rencontrées auxquelles nous devions nous adapter grâce à " l'intelligence du voyage ", cette capacité à absorber les us et coutumes sans pour autant renier nos traditions. Ces traditions restèrent intactes dans le secret le mieux protégé du monde pour ne pas risquer la souillure profane. Malgré la vaste dégénérescence de ces temps troublés où les familles nomades se retrouvent coincées dans des sociétés sans feu ni lieu réels, sans foi ni loi qui comptent à nos yeux, sédentarisées par la force des choses ou nomades mais rejetées comme du foin, malgré la disparition dans l'oubli de ces traditions extraordinaires qui nous permirent de traverser avec bonheur tous les espaces-temps, il restait un noyau invisible et invincible, j'en était persuadé, dont mon parrain, kirvo, était l'un des derniers dépositaires. Toute mon éducation était basée sur ses enseignements. Mes parents m'avaient offert la chaleur d'une famille unie et le kirvo trônait au centre, respecté - et craint - de tous. C'est grâce à lui que j'avais pu digérer toutes mes folies de jeunesse et en dernier lieu cet engagement guerrier extrême qui m'avait quelque peu calmé tout en m' ouvrant les yeux sur ce monde de désolation. Aujourd'hui, une nouvelle ère avait commencé, je le sentais avec une vigueur lumineuse, concentrée, définitive. Comme un avenir d'aventures au sens chevaleresque et initiatique du terme, tel que Chrétien de Troyes l'avait énoncé dans ses récits sur la quête du Graal. Eh oui, les petits gitans illettrés c'était du passé pour moi. Mon parrain m'avait appris à lire, à écrire, à fréquenter l'école ( à laquelle j'aurais pu échapper malin comme j'étais ) et en plus m'avait forcé, un comble, à passer trois années en Sorbonne pour y obtenir une licence en lettres classiques. Du jamais vu pour un petit tzigane qui ne rêvait que de plaies et bosses, de combines et de fêtes joyeuses entre copains. Le kirvo avait vu mon potentiel et avait su discerner dans ces moments de douce rêverie où je m'évadais parfois, une disposition innée pour quelque chose de plus, une disponibilité à un monde plus vaste que celui auquel la plupart de  mes congénères étaient destinés. Il voulait, je venais d'en prendre conscience aujourd'hui, un héritier spirituel pour continuer la longue lignée de vieux tziganes détenteurs d'un savoir remontant à l'aube de l'humanité et peut être plus encore...
( à suivre )

mercredi 26 février 2014

Le gadjo retrouve ses racines

Dans la rue les piétons flânaient, cette portion de quartier parisien semblait calme pour une fois. Pour un jeudi. Le silence bienveillant continuait de plus belle et le troquet se transformait en palais aux mille reflets de lumières irisées. Je sentis au fond de moi sourdre un début de tempête. Comment dire ? Chez nous, les gitans, tziganes et autres nomades aux racines millénaires les choses arrivent parfois de façon extrêmement étrange. L'initiation avait commencé. Au vu de tous mais pas au su, bien sûr. Ils ne voyaient rien. Les gadjés et même la plupart de mes frères de sang ont perdu beaucoup depuis qu'ils solidifient le monde et que leur matérialisme pompeux ou peureux dirige les moindres actes de leur insignifiante vie. Complètement projetés sur la scène de leurs fantasmes les pauvres. Victimes de leur constante distraction et de leurs peurs. Pub, télé, politique, pouvoir d'achat, pouvoir tout court, chômage, société, loisirs, catastrophes, sexualité, information, dans le désordre et sans intérêt.
Je pouvais voir, entendre, sentir avec une lucidité et une sensibilité sur-multipliée, je pouvais même capter les mouvements mentaux des êtres dans le bistrot , dans la rue et aux alentours. Je vivais dans une vaste fresque  multidimensionnelle sans avoir pris d'autre drogue qu'un modeste verre de vin. Tout semblait simple, riche de vie et pourtant je distinguais avec netteté toute les douleurs, les souffrances de tout acabit qui me traversaient comme autant de flèches acérées et empoisonnées. J'étais libre de toute peur et contemplais pourtant un spectacle où douleur et beauté fusionnaient...Je commençais enfin à voir le monde, à capter un peu de sa réalité. Ma lucidité était un phare. À la fois lumière intérieure et puissante clarté s'offrant à tout va. Le cœur qui jouissait de ses propres  rythmes dans ma poitrine, chaud et heureux voulait donner, donner et donner encore, partager - cela était évident - ce moment extrême de vastitude auquel j'étais tout sauf habitué...
Cette expérience m'avais semblé durer des heures, une éternité.L'intensité diminua d'elle-même et j'entendis l'écoulement harmonieux d'un liquide dans un verre, c'était le kirvo qui me servait un autre verre de vin...
( à suivre )

mardi 4 mai 2010

Le gadjo face à l'homme libre

La vie est faite de rencontres et d'expériences, ce dont je me suis aperçu très jeune mais sans en prendre pleinement conscience. Il fallut le contact au feu, la peur, une certaine folie dans mes actes ainsi que les douleurs infernales de l'amour pour qu'enfin j'ouvre les yeux. Mais surtout il fallut une rencontre. C'est ce qui se vérifiait aujourd'hui dans ce troquet de la rue de Seine. Une deuxième rencontre dans ce cas précis bien que ce fut de la même personne. Le choc initial m'avait travaillé en profondeur depuis quelques années. Aujourd'hui, le temps était tout simplement aboli et je retrouvai le "kirvo" comme si je l'avais quitté seulement la veille. Ce même charisme hautement magique qui m'avait attiré dès le premier regard.
Il n'avait pas vieilli d'une ride et sa jeune soixantaine semblait plus fraîche que jamais. Cinq années avaient filé depuis avec leur farandole d'évènements, des plus doux aux plus brutaux.
Je m'assis donc à ses côtés et but comme le dernier des assoiffés le verre de rouge qu'il m'avait présenté. Je sortais d'un long périple dans le désert et il me fallait boire à la source pure qui allait me rendre à la vie. Kirvo - ainsi l'appelait-on chez les quelques rares et vieux tsiganes auxquels il se montrait - gardait son œil au reflet bienveillant fixé sur le mur du fond, attendant que ma soif fut étanchée et mes émotions calmées...

( à suivre )

dimanche 21 février 2010

Le gadjo et ses absurdités ( suite...a sort of )

Toujours à raser le bitume des trottoirs de Paname, ma blessure au ventre ravivait assez régulièrement de vieilles angoisses par une douleur cognante.
J'avais eu du pot de jour-là , Sainte Sara la noire me protégeait, c'est clair, quand cette embuscade vicieuse à souhait nous avait surpris avec un premier tir de roquette qui, après avoir bousillé le véhicule de tête et deux copains de la section, fut suivi de rafales d'armes automatiques. Réaction immédiate de notre part, mille fois répétée à l'entraînement, mise à couvert derrière les rochers, repérage des angles de tir et riposte immédiate. Il ne faut jamais mésestimer une section de légion super entraînée. Encore moins une compagnie.
Les renforts étaient arrivés assez vite par hélico, les tireurs repérés et neutralisés, du moins ce qu'il en restait : on était monté à l'assaut de la crête sur ordre du capitaine, lui-même en tête, en vomissant un déluge de feu. De vrais fous.
J'avais encaissé une balle dans le ventre ( gilet pare-balles trop remonté je ne sais plus ) qui était ressortie par le flanc gauche. Le toubib n'en revenait pas de me voir encore vivant trois jours après, presque remis. Comme si de rien n'était. Mais je mentirais en disant que j'avais eu plus de peur que de mal. J'avais eu les deux, la trouille à se pisser dessus et une douleur d'enfer.
Voilà ce qui revenait à ma douloureuse mémoire aujourd'hui rue de Seine, en plein Paris, alors que l'envie d'une bière commençait à émerger avec insistance.
Je rentrai dans le premier bistrot à ma droite, un genre bar à vin, et commandai tout de même un demi pression que je dégustai au bar, par toutes petites gorgées.
La solitude du gitan est toujours une bonne occasion pour échafauder des plans ou tout simplement regarder la vie se déployer. Un repos réparateur pendant quelques instants de grâce pour apprécier l'existence en connaisseur....
...Un instant comme un éclair et je le reconnus, immobile mais d'une présence que je ressentais jusqu'au fond de mes tripes. Il tourna la tête et m'aperçut. Coup au cœur. Il sourit légèrement et hocha la tête en désignant du coin de l'œil la chaise à côté de lui...( à suivre...)

jeudi 5 novembre 2009

Le gadjo ne peut éteindre sa soif d'absurde

Ce monde où le cheval n'est présent qu'en boucherie ou sur des champs de courses, ce qui m'apparaît comme identique aujourd'hui ,va vite, très vite. Trop vite. Le gadjo ne sait plus goûter les joies simples, il s'est enfermé dans de gigantesques centres de détention où quelques uns, il est vrai, jouissent de faveurs particulières. Mais en règle générale, nous vivons une "civilisation d'enchristés". Je ne peux mieux dire. Le tsigane - je parle du vrai, du gitan, du voyageur éternel pour qui ne comptent que la famille et le ciel qui la guide - possédait une rare qualité : la faculté d'adaptation à n'importe quel système, au gré de ses rencontres, tout au long de siècles d'errance.
Mais là, vingt et unième siècle de cette chronologie inventée, ça devient un peu trop fort, un peu trop bitumé et les traditions s'effritent pour ne pas dire qu'elles ont déjà disparu.
Il ne reste alors que quelques voyageurs égarés, solitaires. Cependant, obéissant à la loi millénaire du "brouillage des pistes", leur esprit intact est quelque peu protégé par les oripeaux et l'attitude de pauvre idiot qu'ils affichent volontiers, inspirant une vague pitié ou un mépris certain aux contemporains rencontrés.
Ils passent inaperçus et c'est tant mieux : ils sont trop rares et leur unique possession, la science de la vraie liberté, est trop précieuse pour être transmise n'importe comment et à n'importe qui.
Par amour, ils gardent le secret, laissant ici et là quelques miettes aux affamés dont les dispositions d'un jour ou d'un soir permettent une certaine ouverture, une écoute authentique par ce qu'il leur reste de cœur et d'intelligence.
les derniers voyageurs sont des veilleurs qui se montrent très rarement. Lorsqu'ils le font c'est en entier, sans rien garder caché. Ils transmettent, c'est leur vie, leur don, leur dernière raison de ne pas rejoindre les plaines secrètes dessinées dans les cieux.
J'en avais rencontré un, je l'avoue et l'ai reconnu bien tard. mais les bribes qu'il m'avait laissées, je les ai reconstruites pour voir et comprendre son enseignement. J'ai d'ailleurs fini par le retrouver le vieux voyageur, un jour par hasard (le terme me fait bien rire mais il faut bien utiliser le vocabulaire n'est-ce pas ?). C'est là que mon voyage a réellement commencé. Je sortais de cinq ans de légion passés au Deuxième Étranger d'Infanterie et j'errais dans les rues de Paris...
( à suivre...)

lundi 19 octobre 2009

Désespoir bon marché ou non-espoir branché


Comme parfois pour le marin, l'horizon avance vers toi en épaisses nuées de plomb, l'air est lourd, la menace imminente, tu es seul sur ton quarante pieds ( ou douze mètres si tu veux, plus ou moins ), sans énergie, déjà épuisé par des nuits de lutte. Il ne reste plus qu'à faire front. L'attente est vaine d'espoir, tu es soûl d'impuissance, tous les instruments de communication à bord sont brisés. C'est "l'œil du cyclone", ou comme tel : pas de vent, silence de mort...
Deux options, en gros : la panique qui procède du désespoir logique face à l'inéluctable, morne panique ou crise hypnotique. Tu es comme plaqué sur le pont ou abattu dans le carré.
Ou bien le calme face à cette terrible beauté, cette merveille de l'océan et du ciel conjoints dans l'immense. Pas de peur, pas de pensée mais une prière qui monte, s'amplifie, se mêle aux courants dans l'air et dans la mer, une présence au danger avec dévotion envers le sublime. Plus rien ne compte...Ta tranquillité est terrible. Existes-tu encore dans ce sombre tableau ? Oui, plus que jamais. Seules les petites choses ont disparu. les petites peurs, les petits égoïsmes, les petites pensées, les choses infirmes...
Alors, même ton épuisement sera félicité, amour tendre au milieu de la violence qui se prépare et les premières brises, comme de premières salves, te fouetteront les sangs.
Tu sais, mon gadjo, le gitan n'est pas trop amoureux de navigation. Il existe cependant des circonstances où rien ne se passe comme tu l'avais planifié et l'homme des chevaux peut se retrouver au milieu des eaux furieuses.
Après tout, dans ton esprit, n'est-ce pas un peu pareil ?
Le nomade, ton ami de toujours, ne sait même plus s'il pose les pieds quelque part, la douleur est trop forte de voir l'espace se transformer en prison pour tous ces perdus sans dieux purs. L'air irrespirable, les sons violents, brutaux, les paysages si laids. Il est difficile de voir la beauté du monde, certains jours.
Il n'attend rien depuis longtemps ton frère nomade, il ne peut que regarder tant que son cœur bat encore le tempo de la promenade...

dimanche 4 octobre 2009

Traité de Lisbonne, privatisation de la poste

On dirait que les fonctionnaires ont les foies. Cette sainte organisation que fut autrefois les PTT " que le monde entier nous envie"( je cite l'éternel Michel Audiard dans "Le cave se rebiffe", c'est pourquoi je reste au présent de l'indicatif alors que l'on parle déjà d'un lointain passé), devenue la proie des dogues syndiqués et de la paresse française, branle sur sa base. Devenant "Privée" on y gagnera sûrement en efficacité. Ceci dit, il y a aussi Lisbonne, cette ébauche de Grande nation fédérée. Progrès, ô progrès, que signifies-tu ?
Je me demande si je ne préfère pas la paresse, un certain bordel national ( on est habitués), et des nations qui se dissolvent dans la brume matinale. Une espèce de liberté à la française, mégot de gitane maïs au bec, nez piqué, œil glauque mais habité, dans un coin, d'une lueur mutine.
Trop d'organisation signifie donc trop de monde, c'est là qu'on étouffe...Il reste encore le Puy de Dôme peut-être, quelques coins perdus d'Auvergne ou de Navarre à condition bien sûr, qu'on y trouve des bistrots. En France, le contraire est quasi impossible.
Moi, le nomade fou, obligé de m'adapter, c'est encore cette décadence là que je préfère : un plancher,donc un toit, de la paille, un poêle à bois, des livres et des bouteilles.
Avec une croupe généreuse de bistrotière pour venir de temps en temps à la rescousse

jeudi 1 octobre 2009

Avis à vie


Il existe une manie chez les mammifères doués de la parole, c'est cette propension à " avoir des opinions " sur tout et le contraire de tout, sur tout et n'importe quoi. En ce vingt et unième siècle plus que jamais, ce brassage d'avis véhiculé par la presse, la toile, l'audiovisuel en général n'a jamais atteint autant de force et de complexité. C'est là le danger.
En d'autres temps moins "modernes", avec une technologie inexistante ou presque, les gouvernements se chargeaient d'alerter l'opinion publique pour faire leurs guerres et rencontraient - les exemples abondent dans le passé récent ou plus lointain - une unanimité facile.
Les émotions,
issues de l'égoïsme économique et de la volonté de puissance ( Les empires français, britannique et allemand pour citer de proches exemples ), se vivaient au sommet avant de se propager vers la plèbe.
Les lieux communs façonnant la mentalité de chaque peuple étant partagés de manière unilatérale.
D'où les guerres bien connues du 20° siècle, chaudes ou froides, pour illustrer cet axiome : l'opinion est le ferment des émotions, les émotions sont la cause du bordel. Mot suffisamment explicite, je ne trouve pas mieux.
C'est très con mais comment en réchapper ? L'analyse devient longue et compliquée lorsqu'il s'agit d'une masse d'individus groupés en nations et les dites nations formant une civilisation. Pire qu'une bombe atomique, le plus à craindre
est bien la cause de sa fabrication.
Les édifiants messages de liberté, de droits de l'homme ( ne trouves-tu pas que la nécessité de rédiger un texte où sont précisés ces droits est un signe certain de décadence profonde )et tutti quanti, revêtent le costume de la plus absurde tartufferie.
Des as de la tchatche les responsables. Une vaste communauté de persuadés, les uns authentiques les autres un peu moins et dans tous les cas des imbéciles au sens large.
Mais que peuvent-ils ?
Qui ou quoi a éduqué ces hommes, ces responsables politiques, religieux et autres, ces détenteurs du pouvoir d'un instant ?
On est face à l'abîme, face à un crétinisme ne datant pas d'hier. Tout cet amas de vivantes contradictions recèle sans doute un historique lointain et complexe. On pourrait remonter le temps jusqu'au néolithique, au moins. Cela servirait-il à quelque chose ?
Il nous faudrait un superbe raccourci pour ramener le calme sur le monde.
Alors, mon gadjo, une fois de plus le vieux nomade arrive à la rescousse, sans qu'on lui demande, parce que l'indifférence oisive n'est pas son fort.
Respire un bon coup, profondément. Pose ton regard devant toi. Ton esprit nu goûtant la vie qui dévale dans les couloirs de tes veines, ris de ce rêve idiot. Vas donc caresser l'encolure de ton cheval et offre lui quelques brassées d'herbes fraîches.
Tu verras même une étoile en plein jour.





vendredi 11 septembre 2009

Tristesse du rurikide


Il y eut l'espace et après lui les steppes.
Elles furent intelligentes comme seule peut l'être la terre vivante qui nous porte, se faisant alors immense pour laisser s'épanouir les cieux, les vents et les orages. Pour que la pluie soit violente, pour que le cheval galope avec ses yeux fous, l'écume moussant à la commissure des lèvres, coulant sur le menton jusqu'à la barbe. Il y avait des hommes petits aux yeux finement fendus, au regard d'acier. Leur âme, leur coeur et la steppe se confondaient dans leurs rares appels silencieux ou dans leurs cris lorsqu'ils chargeaient, sabre au vent, l'immensité vide à la beauté éblouissante.
En ces temps on savait la valeur d'un mot et l'oreille connaissait les sons. Les sons porteurs de sens.
Aujourd'hui, petit parigot assis au comptoir du café du commerce déchiffrant "Le Parisien" ou jouant sur les touches de mon clavier au bureau, je suis largué dans un immense dépotoir qu'on a bien pris soin de décorer de mille et une façons. En dur, même pas en carton-pâte.
Ce qu'ils ne savent pas, ces mammifères sans force, c'est que la mémoire m'est restée, intacte, totale même si je joue le jeu de leur maladie.
Pauvres hères, il ne font guère illusion.
Dans leur berline de luxe ou à traîner leurs oripeaux sur les trottoirs.
Les saintes familles aussi avec leurs gosses mignons et sages - pas toujours, il y a de plus en plus de petits cons parce qu' il n'y a plus d'âge non plus, ni d'éducation d'ailleurs - les intellos, les étudiants, les ménagères, les jolies qui remuent leur fion avec finesse mais sans scrupule ha ha ha. Les puissants du jour qui existent et parlent, parlent, parlent à n'en plus finir pour négocier ce rêve dont plus personne ne sait que c'est un cauchemar fatidique. Tous courent parce qu'il faut bien faire quelque chose ne serait-ce que pour payer des impôts et quelques plaisirs arrachés par ci par là, en d'infernales vacances.
C'est comme ça camarade, cher ami invisible au-delà des temps, cher ami choisi pour ta bienveillante écoute.
Il ne me reste plus qu'à m'asseoir.

jeudi 13 août 2009

Naviguer à vue

Et encore, sans compas, rien d'autre que l'attention en éveil dans le brouillard et la nuit tropicale silencieuse - sauf le clapot - on est bien !
Imagine un peu un décor similaire au niveau du signifiant mais aux apparences bien différentes, disons une mégapole du 21° siècle avec ses mouvances, ses récifs et ses obstacles inattendus: tu te réfugies finalement dans le carré ( ta piaule ) après avoir bloqué la barre sur un cap choisi pendant que le vent est plus ou moins stable, en t'attendant plutôt au pire qu'au meilleur . La bouteille de rhum, juste ce qu'il faut pour laisser le stress se défiler gentiment et laissons faire leurs caprices aux vents, aux courants et à tout cet invisible filet de circonstances entremêlées en nasses obliques. À part le calme et l'humour je ne vois pas d'autre répit dans cet entre-deux.
Rester totalement indifférent à sa propre destinée, sans le moindre complexe, même joyeux ( on est vivant quand même), voila qui semble sage en des circonstances troubles comme celle d'une nuit à glisser sur des hauts-fonds coupants tel le fil d'un rasoir.
Résultat ? Pas de résultat. Dès qu'une ombre de vie passe, ça devient sympa, on lève son verre à la catastrophe comme à la chance lumineuse qui va nous sortir de ce mauvais pas.
Un battement de coeur, deux battements de coeur, trois battements de coeur...Chaque fois une santé à l'invisible compagnie...

lundi 3 août 2009

Ma poésie

L'amour, le vrai, le vécu, est une chose bien rare et difficile à comprendre pour le plus grand nombre.
Ainsi le crois-je.
Impossible de séparer l'amour de la pure intelligence.
Ainsi ai-je expérimenté.
Maintenant, dans la solitude à la fois lourde et sereine qui est mienne, l'océan de mon coeur ayant dépassé l'espoir, la richesse des silences de tout ce qui vit peut enfin abreuver le seuil de ma conscience qui embrasse.
Ainsi je continue le voyage du gitan de l'esprit avec pour unique monture la tendresse de l'instant qui passe marquant par son sceau de fer rouge la douleur ou la joie et ces libres regards qui jaillissent de l'indicible.

jeudi 23 juillet 2009

Misère ou respiration ?

Il n'est vraiment pas possible de VIVRE en restant coincé par ses propres misères, donc : l'espace céleste et intérieur se rejoignent en un lâcher prise, sans émoi petit mais avec le goût de la liberté, toujours indicible, puis l'on disparaît dans toutes les formes de beauté, immortels.

lundi 25 mai 2009

Comment savoir

Comment savoir ce que signifie aujourd'hui "être humain" ?...Et pour qui d'ailleurs ?...
Finalement l'histoire de l'Europe nous livre quelques clés....Par périodes et pour des groupes d'individus.
Cependant la signification de quelques unes de ces clés, qu'on les nomme "Humanisme" ou "Philosophie des lumières" voire "Renaissance" par exemple ( c'est vrai que la France joue un certain rôle sur ce continent ), contredirait donc tout le reste? L'existence de modèles sociaux antérieurs, sur une longue période, serait erronée ?...Ce n'est pas très clair bien sûr malgré les révolutions qui suivirent en Europe comme ailleurs et malgré les nouveaux idéaux politiquement et spirituellement corrects issus des sociétés d'iceux ( pas toujours vivables pour les groupes hominiens de races diverses peuplant la planète, c'est un fait).
Mais - il y a un mais - les bipèdes soit-disant "intelligents" que nous sommes ( là encore un terme qu'il faudrait définir de façon plus poussée selon mon avis pas humble pour un sou ) sont-ils uniquement des sous-ensembles de sociétés plus ou moins organisées ?
Il me semble que l'on nage en plein flou à ce jour. Que seules certaines religions à caractère "moral", quelques opinions à caractère gnostique, politique ou autre prônant plus ou moins un code de conduite ont quelque ascendant sur cet "humain lignage" en perte de tout ( il n'y a qu'à voir le bordel ambiant camarade).
Résultat ( il faut bien que j'abrège pour que l'égaré en train de me lire ne s'impatiente pas... mes excuses pour le terme cher lecteur, tu connais mon sens de la dérision bipolaire ): déchirements, passions partisanes conduisant à la folie meurtrière, hypocrisie de nantis comptant bien le rester aussi longtemps que possible par tous les moyens, masses populaires stupidifiées par un monde médiatique sans trop de scrupules du fait de l'ignorance voulue ou inconsciente de ses vraies responsabilités, consommation envahissante pour soifs sans bornes engendrant les crises naturelles produites par les désirs et les petits rêves frustrés, tout cela débouchant bien entendu sur le désespoir et la haine que seule la bêtise peut inventer...Tout cela encore sans compter la misère sévissant sur le monde par la faim, la soif, la torture infligée, de quelque nature qu'elle soit, et toutes ces sortes d'horreurs que le monde ne connaît que trop bien.
Voilà un grand résumé d'une situation peu enviable pour cause de connerie généralisée et autocréée, il faut bien employer les termes tels quels.
Pour les faits, il existe aujourd'hui suffisamment de rapporteurs de tout pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en parler.
Alors ?
Que décider, comment voir clair ?
Entre nos attentes de bonheur et nos trouilles de tout où trouver la saine voie qui nous tirera d'affaire ?
Là, camarade, écoute-moi bien en tant qu'ami de tout ce qui vit. Le mot clé que je t'offre gratuitement et sans engagement de ta part se nomme : Liberté.
Cependant, puisque ce n'est qu'un mot au nom duquel on a commis beaucoup de crimes ( rappelle-toi la française révolution de quelques persuadés d'eux-mêmes ),je t'offre en prime l'idée d'entamer une recherche personnelle approfondie afin de prendre à bras-le-corps ta responsabilité d'être vivant plus ou moins conscient. Avec, comme cadeau de bienvenue dans l'univers du signifiant clairement signifié et compris, un indice de base :
Ouvre ton coeur et ta tête en même temps !
Bon voyage!



dimanche 10 mai 2009

Bouillante, glacée ou toute en nuance

Il est parfois bon de s'arrêter sur un livre ou deux qui éclairent l'époque que l'on vit sous un angle plus nuancé, plus précis, offrant un autre goût que celui de cette réalité assénée tous les jours par des médias devenus commerçants du scandale, de la souffrance, de l'horreur ou du dérisoire...
Je viens de lire " Rapporteur de guerre" de Patrick Chauvel. J'avais lu il y a de ça quelque temps "Sky", récit très fort des mois qu'il passa accroché à une patrouille de jungle, une unité d'élite pendant la guerre du Vietnam avec à sa tête cet indien des plaines devenu guerrier pour l'Oncle Sam...
Je lui dit d'abord merci. Merci pour tous les risques encourus dans le seul but de nous offrir un témoignage vrai, pas un récit édulcoré et politiquement correct. Des images fortes, des photos avec en prime les paroles de leur auteur c'est mieux que tous les journaux du monde parce que lui, il y était. Sur le terrain, dans la boue et la souffrance partagée, sans autre parti-pris que celui d'être un témoin aussi impartial que possible. Témoin des passions humaines,témoin pour les victimes de quelques hommes de pouvoir, de décideurs lovés dans leur confort, témoin de la haine exacerbée par le désespoir...
Il nous rappelle, sur le terrain, l'attitude éthique de ces grands anciens dont Joseph Kessel est l'archétype au niveau du reportage écrit.
Comment, après de tels témoignages regarder un journal télé de la même manière ?... Lire un journal en sachant que la désinformation fait partie du paysage par nature, par passion politique ou simplement pour satisfaire les lecteurs ?
Avec ce temps on oublie la vie... On vit par procuration, on se fait fabriquer des idées, des goûts, des modes de vie par voie télévisuelle ou autre.
Liberté, tu n'as jamais été aussi loin des hommes alors même que les pays dits démocratiques défendent le contraire.
Cruelle ironie, absurde mais logique après des siècles d'erreurs...
Pour en dire plus j'attendrai que mon humeur soit au beau fixe afin de ne pas moi-même me laisser embarquer dans une passion de révolté.
Je retourne à ma musique en pensant à vous, mes contemporains de toute race et de tous pays...

mercredi 22 avril 2009

Ô musique, son du tréfonds des cieux

C'est en écoutant ce soir David Helfgott interpréter le concerto n° 3 de Rachmaninov que la mémoire m'est revenue... L'Allemagne, Düsseldorf, été 1970, une famille teutonne accueillante après un passage en Corse. Je suis encore ébloui par les beautés des falaises rouges entre Ajaccio et Calvi et plus encore par ce qui venait de m'arriver en Provence près d'un port de plaisance qui se révéla être la porte du ciel que j'avais toujours guettée...
C'est là, tout près de Düsseldorf que j'entendis enfin pour la première fois Le concerto, que je communiai avec ces accents venus du fond de l'âme russe, force propulsante au-delà des décors trop fabriqués du monde dans lequel j'avais échoué depuis ma naissance....
Ce fut là que la poésie de toute chose me prit dans ses bras invisibles, malgré ou avec l'aide de deux comparses italiens, errants comme moi dans ce pays dont nous voulions intégrer la langue...Nous communiquions en anglais, ils m'apprirent toutes sortes de jurons en italien et nous ingurgitâmes avec joie force pizzas dans la vieille ville peuplée de germains...
Depuis ce jour, plus ou moins consciemment, je suis le cours de ma folie, de ma soif de beauté, de pureté et d'amour...Pas ces "clichés", ainsi que les nomment certains de mes contemporains osant ternir ces vocables par la veule moquerie que seuls les couards connaissent...
Pas de peur donc, ma poitrine ouverte, blessée, mille fois saignante et l'humour toujours sauf camarade, selon l'esprit guerrier légué par les hommes vrais, bien au delà de ces hominidés fragiles dont on voudrait nous offrir la parenté, ha ha ha...
David Helfgott joue encore les derniers accents en ce moment même, lui qui côtoya les abysses de la folie...Quelle est cette force transparente qui nous noie dans le ciel ?

lundi 13 avril 2009

Le calme, la vision et la vie

Il existe parfois des enchaînements d'instants où l'on pourrait croire que tout est possible.
Mais seul un langage exprimé sans le moindre artifice peut tenter d'offrir, par le biais de cette magie au-delà des concepts de ce bienheureux cerveau, cette liberté où l'espace et le temps disparaissent comme un couple uni dans un parfait orgasme dépassant cette dualité homme-femme cause de tant de malentendus...


Une chambre sous les toits, un homme allongé sur son lit, relax...
Des images sur un mur, il rêve en toute conscience du temps passé, du présent douteux et de l'avenir inconnu. Il rêve de ces Grands Êtres qui passent inaperçus alors que leur présence s'étend partout depuis toujours. Puis il voit que le temps peut s'étendre lui aussi, se détendre même et embrasser l'espace infini, que chaque instant de vie ne meurt jamais malgré les corps qui semblent disparaître.
Ces corps n'auraient-ils pas une place trop lourde dans la vie qui s'exprime partout ?
Pendant quelques nanosecondes, ici et là, il a l'intuition de cet ensemble qui ne peut tenir dans la vision d'un homme à moins que cet homme se dissolve dans la vision elle-même, plus vaste...
Alors il comprend que l'amour n'est pas un vain mot : il est seulement très incomplet dans l'esprit des hommes et des femmes, mélangé aux distorsions égocentrées générées à cause de corps trop lourds, même maigres....
Reste "la musique du silence" du copain Leo qui aimait son chimpanzé.

lundi 2 mars 2009

visions factices jusqu'à la beauté

Arpentant les trottoirs de la cité j'eus la sagacité de me taire un instant
Ce ne furent ni le clown ni l'intello de bas étage qui émergèrent
Ce fut le poète
Entre les braillements et les regards avides, blasés, fatigués de vivre
Ce furent les milliers de souffles inconscients, balayant les murs et les néons
Qui battirent le tempo de la promenade
Au peuple des esclaves je remet mes pensées chaudes d'amour volatil
Les décors curieux, initiant les cauchemars de plus d'un
Disparurent un instant dans les ronronnements de la mégapole
Il fut possible alors de s'apercevoir
Que le ciel entier baigne toute chose
Cela suffit amplement

samedi 28 février 2009

Cartes sur table

Géopolitique, mot clé, mot magique, escroquerie majeure du 20° siècle, passage inaperçu parmi les troupeaux avachis composant les nations de ce monde. Tout est là pour distraire : guerres, soi-disants idéaux à défendre, horreurs bien commodes, comme si l'histoire avait effacé les mémoires collectives depuis l'aube des temps...
Tel un animal acculé face au chasseur féroce, l'être - celui que l'on appelle humain puisqu'il faut bien nommer les choses - est subitement distrait dès que son environnement immédiat est menacé. Tout est oublié d'un coup, voilà l'économie du jour, la ration quotidienne... et quelques caciques de l'instant, monstres ou sauveurs, croient diriger la danse : quelle rigolade...
Ce monde ressemble à un désert dont les habitants auraient perdu toute sagesse naturelle. Loin de nous les hommes bleus économes de leur soif, au pas lent et au geste sûr, la pierre contre le ventre pour tenir la faim...
Le désir éclate, la peur ronge, la bêtise règne en maîtresse et se fait passer pour une reine pleine de malignité, et cette peur idiote engendre des haines bien faciles tellement le désir de confort joue les anesthésiques...
Ô sinistre tableau pourtant véritable, tu me fais penser à une oeuvre de Jérôme Bosch qui dans l'horreur avait quand-même ce putain d'humour qui sauve le monde...
Le monde n'en peut plus de jouets, jamais communion entre les hommes fût autant absente en ces temps de communication dont la perversité n'échappera pas à celui qui, libre de toute chose au monde, sait reconnaître ce qui est authentique de ce qui ne l'est pas. Par authentique s'entend un peu de fraîcheur d'esprit, de lucidité, d'intelligence, d'amour vrai ( celui qui donne, donne et donne encore ), d'écoute, oui, d'écoute bordel, la vraie, celle qui prouve qu'il existe de la vie et que certains vivants sont capables de s'oublier un instant pour s'intéresser à autre chose qu'à leur propre misère...
Ah oui, on parlait de géopolitique de mon cul, éternel problème nous ramenant au despotisme éclairé de ces braves du 18° arrondissement ( pour arrondir les angles qu'ils croyaient gommer, pauvres philosophes de mes deux : sincères sans doute, mais...).
Voilà, nous y sommes. Et lorsqu'il faut nommer un chat un chat, l'exercice devient périlleux puisque nous sommes cernés par cette connerie rabelaisienne-panurgienne à laquelle peu d'entre nous échappent.
Oui, je sais que dans cette satire gratuite je reste vague mais je m'en explique, c'est pour donner du mou à la corde qui peut soit nous pendre soit nous sauver de la noyade idiote : aux lucides de choisir. Dans lucide il y a lumière, luz en castillan latin, nous sommes nés libres nonobstant la déclaration des droits de ducon bien inutile et totalement hypocrite. Il faut vraiment avoir tout oublié pour jouer à ça : tout est là depuis toujours et il y a encore des pervers qui veulent s'en mêler ! ....
Camarade, je ne suis pas anar et politiquement incorrect pour rien !

mercredi 25 février 2009

Premier jour

Célébration des nobles ruminants sur tous les continents de la planète bleue avant l’entrée de plain-pied dans l’année du buffle de terre et je pense à Sitting Bull, guerrier et shaman, visionnaire intact, dernier témoin profond d’une nation composée de tribus, la plus belle harmonie réussie par l’homme face aux mégapoles-cimetières explosant à chaque seconde dans le désir et l’aversion multipliés à l’infini. Perversion quotidienne passée dans l’inconscient, esclavage même plus consenti puisque la lucidité s’en est allée depuis longtemps déjà. Il reste le regard des rares hommes libres, cachés parmi la masse, lumières silencieuses agissant sans agir dans la beauté du secret.

dimanche 15 février 2009

Les méandres de l'imposture

Que ce cerveau soit complexe nous le savions depuis un certain temps.
Seulement voilà, les théories le concernant, même évoluant, sont ennuyeuses. Ce ne sont qu' explications mécaniques très extérieures donc insuffisantes.
De cet ennui plongeons instantanément dans le vécu de l'expérience, bien au-delà des travaux de labo utilisons pour une fois nos capacités encore intactes.......peut-être.
Le passé du bipède sapiens nous a offert de nombreuses formes d'éthique parfois sous le couvert de religions ( souvent astreignantes et infligées ), tout cela pour afficher une certaine harmonie entre les hommes, leur permettre de dépasser plus ou moins leurs peurs viscérales et les remplaçant souvent par d'autres afin de créer une sorte d'enthalpie sociale, une homogénéité de groupe. Basique survie.
Hélas il est clair que les leçons du passé ne servent à rien, les mêmes erreurs sont toujours commises sous d'autres formes comme si elles pouvaient être trompeuses.
Par erreur s'entend, par exemple, douleur infligée par un certain nombre de bipèdes à d'autres, une négation de l'harmonie précitée en quelque sorte.
On peut faire dire n'importe quoi à n'importe qui, surtout dans une société où l'information pullule grâce à de nouvelles technologies axées sur les phénomènes plutôt que sur la valeur de ce que nous pourrions appeler "esprit", terme vague à l'extrême mais le seul, en français, qui puisse encore donner - de manière conceptuelle au moins - accès à nos informations très profondes, personnelles et donc collectives.
Assez joué donc. Rien ne peut être prouvé même avec ce que l'on nomme "tangible".
Tout, comme toujours, n'est qu'une lutte de pouvoir déguisée sous diverses formes.
Pouvoir de soit-disant intelligences, sciences, politiques, religiosités, de soi-disant dirigeants politiques, religieux ou autres.
Assez donc.
D'autant plus qu'avec l'explosion des populations, des cités et des industries tout part en folie ingérable. il suffit d'être un observateur sans complexes et surtout sans parti pris.
Les systèmes mis en place au cours du temps favorisent-ils la vie de ce pauvre sapiens égaré sous les étoiles ?
En ce qui me concerne, les doutes sont puissants.
C'est pourquoi j'ai choisi la poésie et l'anarchisme spirituel, termes qui pour moi signifient liberté de l'esprit, ouverture à la beauté et à l'amour authentiques pour autant que ces mots puissent définir une vision partagée.Ce n'est pas évident.
Le langage est la plus malléable des choses et une des seules qui permette la communication. Ce n'est donc pas si simple pour des êtres aux circuits neuroniques si nombreux.
Mon esprit est totalement secret, sa valeur est indicible et je partage cette merveille avec tout ce qui vit sans qu'il n'y paraisse. Il y a, c'est un vrai paradoxe, de quoi se sentir un peu seul parfois.
Donc poésie, offrande silencieuse ou musicale, tout face au lourd ennui de l'imposture qu'il faut pourtant bien faire semblant d'intégrer, solidarité oblige...Ou politesse teintée d'un humour penché, peut-être triste.


lundi 22 décembre 2008

Fréquence immédiate

Un beau jour, dans le métro parisien, calé sur ton siège face au moine
Tu regardais nonchalamment alentour, plus ou moins gêné.
C'était il y a quelques décades mais c'est aussi tout de suite, curieusement.
D'un seul coup, d'un seul, tu captes une fréquence pas du tout habituelle
Et pourtant tu ne te sens pas étranger à la chose mais émerveillé et heureux.
On dirait qu'un OVNI atterrit ou quelque chose de ce style,
Que le cœur d'une centrale atomique fait irruption dans le wagon
Tout cela dans le feutré, en silence...
La source, c'est le moine dont le regard, tel un rayon laser, scanne l'intérieur du même wagon,
Se posant sur les passagers passifs, totalement inconscients du phénomène.
Toi, tu viens d'être témoin d'une magie qui n'existe plus depuis longtemps.
Même au cinéma on ne peut rendre une telle force, parce qu'elle est tout simplement authentique, c'est le cœur de l'univers, l'essence de la galaxie, le mouvement du temps et de l'espace, que sais-je, c'est difficile à exprimer....
Aujourd'hui tu te rapproches et tu commences même à brûler, voilà qui peut être enivrant. Seulement, tu le sais, l'ivresse n'a rien à voir avec tout cela. Il s'agit de forces présentes depuis toujours qui ne demandent qu'à parler, se manifester. Et c'est beaucoup de travail, beaucoup beaucoup.
Il y a aussi la trouille, ce n'est pas un film à l'américaine fait pour que les poils se hérissent ni un cimetière sauvage la nuit, quoique...
Cette trouille, tu l'a vu clairement, représente la réalité que tu dois absorber de tout ton être, seulement pour commencer...Ha ha ha...Quelle beauté vivante que l'esprit qui voyage...
Pas de fin, pas de commencement. C'est rafraîchissant comme la rosée du millième matin.


lundi 15 septembre 2008

Tout oublier jusqu'à la mémoire absolue

À force de balades en tous genres, la lassitude du déjà-vu s'installe, inexorable. Ce n'est pourtant que l'endormissement de ce que l'on nomme «esprit» sans idée précise, le plus souvent, du sens de ce dernier vocable.
L'attention et l'intérêt se relâchent ensemble jusqu'à l'apparition d' un nouvel humain blasé, mécanisme classique lorsque les émotions se calment par seule usure.
Tout ça manque de fraîcheur, diable, c'est la naissance de la vieillesse, la mauvaise, celle qui, un jour ou l'autre, muera en gâtisme.
Pour le promeneur professionnel voilà un rude piège qui exige en contrepartie une double discipline : l'exercice permanent de l'attention en toute chose et l'épanouissement de l'âme poète jusqu'à la dimension du ciel.
Pas si simple face à la violence, la misère, l'apathie, la routine, la grossièreté, la barbarie, le fanatisme, l'âpreté au gain ou au pouvoir, l'attachement imbécile et partial à toutes sortes de choses....La liste est longue des aberrations humaines passées dans la corbeille fatale du sens commun, de l'acceptation par faiblesse, par peur ou par habitude.
Je résume follement mais avec la certitude de pouvoir être facilement compris par au moins quelques péquins de ma race.
Maintenant, qu'est-ce que l'âme poète ? En tout cas selon ma vue bien sûr, cette vue, résultat du legs des multiples cultures de tout un monde ancien, dans son entièreté, mâtiné de mes propres fantasmes, ce que j'appellerai mon originalité propre.
Graine d'anarchiste balloté dans l'histoire et dans les évènements de cette époque, ma petite existence broussailleuse est mariée à la beauté, à l'amour le plus pur, à l'amitié, aux nourritures terrestres comme à celles de l'espace infini qui nous baigne, nous, pauvres fêtus inconscients accrochés à toutes les formes de drogue.
Eh oui, nous sommes perdus et ce ne sont pas les dérisoires certitudes de cette vie très courte qui font rempart lorsque nous sommes face aux abysses, à l'abîme que nous voulons absolument baptiser d' un nom rassurant pour encore essayer de nous agripper à quelque chose ....
Ma poésie est donc libre, sans aucun souci du lendemain ni de l'hier ni même du présent fugace. Elle est libre et à l'aise dans le passé, le futur, le présent, tout ce que vous voulez nommer. Elle s'exprime avec chaleur, sans mélancolie mais parfois avec un zeste de nostalgie. Parfois aussi avec ardeur envers ce que je dénonce en tant que connerie. Normal quand même. Mes arrogances sont sans complexes. C'est aussi pour ça, peut-être, que je ne suis qu'un anar louvoyant dans les méandres de ce que j'appelle, dans le meilleur des cas, une douce schizophrénie collective.
Aussi, camarade, comme tu peux t'en apercevoir, le terrain est miné.
Le seul espoir - et celui-là c'est pour tout le monde - qui pourrait nous sortir de ce rêve fumeux, serait de tout oublier. Pas comme un lavage de cerveaux ( d'ailleurs est-ce que ça se lave une cervelle ? À part avant de la cuisiner à la poêle veux-je dire ) mais plutôt comme une profonde détente sous un ciel riche de vie, nous laissant naître enfin à la totalité de ce que nous sommes.
Point.

lundi 18 août 2008

Blabla

Le mystère reste entier pour celui qui cherche
Tout est clair lorsque l'on jouit du moindre éclat
Et quand le ciel nous sourit et nous tend la perche
Rien ne sert de courir si on sait être là

lundi 4 août 2008

Un égoïste lucide

L'errance ou le voyage ? Belle nuance...
Je leur préfère la promenade, à la fois plus sereine et plus élégante
Sans parti pris, sans but réel - sauf peut-être le prétexte d'une bonne digestion.
Elle est une activité plutôt contemplative, c'est à dire lorsque l'esprit, ouvert à tout ce qui se présente, regarde avec une certaine bienveillance passive les mouvements extérieurs de la vie.
C'est dit. Je me nomme promeneur de l'existence ( en gardant mes réflexes intacts bien sûr, on ne sait jamais...), l'attention en veille, bien aiguisée, afin de profiter de tout comme d'un film « Art et essai » à peine plus passionnant qu'une mise en scène d' Éric Rohmer ou d'Alain Resnais ( rappelez-vous : « L'année dernière à Marienbad ». En ce qui me concerne j'ai failli piquer une crise de folie schizophrène au tiers du film ).
Que ces deux vénérables auteurs pluri-couronnés pour la maîtrise de leur art veuillent bien excuser mes allusions peu aimables mais je dois convenir que leur cinéma ne me convient pas. Ha ha.
Donc, promenade et promeneur : profession, vocation, métier, activité non lucrative emblème de la célébration de tout ce qui est vivant par un humain ordinarissime.
Mais, me diriez-vous peut-être avec un brin de bon sens, il faut se nourrir, se vêtir, se protéger de la chaleur comme du froid, voire tendre la main aux malheureux croisés sur notre route.
Oui.
Cela fait partie de ce monde de dupes où les promeneurs ne sont acceptés que le Dimanche après-midi, en famille avec le chien, les gosses et grand-maman.
Tant il a été construit de décors multiples ajoutés à la nature simple des choses que nous sommes encagés dans un rêve compliqué où la distraction - qui n'a rien à voir avec la vue tranquille de l'existence en direct - règne en maîtresse.
Maisons, Immeubles, Cités, bitume, technologie en remplacement des «Jeux du Cirque » et de la rivière toute proche offrant son eau pure.
Innombrables activités inventées par le temps, à la dimension de ce décor envahissant.
Alors ?... En tant que promeneur, dissident secret ( je dois bien faire semblant de jouer comme tout le monde ), j'ai décidé de continuer la promenade, farouche, insistant, déterminé, jusqu'à la dissolution finale dans une goutte de pluie de printemps ou dans la feuille d'automne planant en spirales dans l'air pollué de la ville...

dimanche 27 juillet 2008

Tant qu'il est temps

La déconfiture ressemble à la confiture en tant que substance : ça dégouline, c'est collant, on est très mal à l'aise, empêtré que l'on est dans un tissu d'illusions dont nous sommes les architectes trop souvent inconscients.
Eh oui, les illusions débouchent, c'est classique, sur une déconfiture de l'esprit que l'on peut traduire en mille mots comme en un. Déception, douleur, peur, égarement et tutti quanti...
En outre, comme le dit mon ami catalan en dégustant au «porone» tout de cuir fabriqué son vin de pays, l'illusion commence on ne sait où et finit de la même manière, ceci dit selon la vue absolue de la chose, bien sûr.
On pourrait commencer par illustrer celà par le fameux «chagrin d'amour» qui mène parfois quelqu'un à des extrémités infernales.
Comment peut-on en arriver à se supprimer parce que la femme ou l'homme que l'on «aime», soi-disant, vous quitte pour quelqu'un d'autre ?...
Cela paraît absurde vu d'ici, hors contexte ( et le contexte fait tout, c'est lui la grande trame de nos confusions ) mais cette petite difficulté est arrivée à un grand nombre de personnes des deux sexes dans l'histoire humaine des amours déçues.
L'homme d'expérience parlera de recul pour relativiser la vie émotionnelle.
Évidemment, ce fameux recul ne permet plus de vivre une certaine intensité....De là à devenir amorphe il n'y a qu'un cheveu.
Alors que faire, comment vivre bien et vivre fort tout en comprenant et donc en évitant de se laisser piéger par une situation ?...Réponse de poète en un certain sens :

L'inextricable naît de nos propres fantasmes
La soif nous tient, esclaves languissants
Liés les uns aux autres en un vaste cortège
Nous nous infligeons nos rêves
Comme le tyran impose sa loi
À quand cette liberté d'aimer, cette danse, ce jeu, cette joie
Sans qu'une peur, une haine, une étriquée convoitise
Ne nous ballade, nous, les accrochés par le nez ?
Il suffit, je crois, d'un peu de bonté
Cette gratuité que tout le monde réclame sans jamais l'offrir.


mercredi 16 juillet 2008

Joseph ou Yossip

Oui, il est mort il y a 55 ans et je suis peut-être une de ses renaissances à ce bon vieux camarade, honni par l'Occident chrétien et hypocrite, tueur de millions de gens. Je parle encore de Joseph bien sûr, auquel le coeur de millions de russes est resté fidèle et vous savez pourquoi ? Parce que le peuple - ou la conscience populaire - ne se trompe jamais. Le fameux peuple ignorant sait, lui, qu'il existe des causes et des conséquences. L'âme russe est ainsi faite que même dans l'horreur elle voit. Elle voit clair. Pas de boucs émissaires, la simple humilité et la dévotion au petit père des peuples. Pas plus ni moins qu'envers Ivan, ce terrible qui se prosternait la nuit devant les icônes sacrées face à la souffrance de ses sujets dont il était l'instrument. Ça te dépasse camarade ? Bien entendu.
Pauvres occidentaux qui ne pensez qu'à vous plaindre afin d'obtenir votre malheureux «pouvoir d'achat ». Ma grand-mère, slave, aristocrate et peut-être aussi un peu juive, crachait avec son accent inaltérable sur l'écran de la télé lorsqu'elle entendait, de son vivant, un brave Poivre en parler au journal de la Une.
Ça, mon petit occidental trouillard, ça te fait peur et tu n'y comprend goutte, syndiqué que tu es sans doute, sans la moindre boussole et encore moins d'esprit.
La révolte est faite pour les esclaves, qui sont le plus grand nombre. La peur est leur moteur et l'ignorance crasse, la jalousie, la mesquinerie, la lâcheté ( comme celle de De Gaulle dirait l'oncle Louis, officier valeureux et multidécoré ) leur seule vision misérable hélas.
Que dire de ce spectacle navrant ? Rien bien sûr, c'est l'histoire du monde que tout le monde oublie de génération en génération.
Il n'y a aucun fautif ou alors tout le monde, sans aucune exception, l'est.
Parler de paix, dans ce cas, me fait marrer d'un rire plus jaune que mon pauvre foie alcoolisé ne pourrait l'offrir.
Soyons heureux de notre hypocrisie, ô frères humains, c'est tout ce qui nous reste.

vendredi 11 juillet 2008

Petit clin d'oeil à nos fatalités

La distraction, comme le fait de perdre le «fil» d'une idée que l'on expose parce que l'on se laisse piéger par quelque chose ou quelqu'un finalement cela n'est rien.
S'égarer en chemin pour la même raison, bifurquer, tomber, se sentir alors confus et perdu cela n'est rien.
Sinon, mamma mia , quelle permanente catastrophe ! C'est pour cela que la vie est parfaite : rien ne dure, tout passe...
Le temps perdu se retrouve, l'obscurité s'estompe dès le point du jour : ni passé, ni futur, seulement un vaste espace où les pas allégés du poids de nos lourdes consciences forment le dessin sans cesse se créant d'une danse unique.
La danse de chacun.
Nous sommes des danseurs mondains nous dirigeant vers la maîtrise céleste de nos figures malgré la balourdise de nos piètres premiers essais.
Roquets, pantins, ours mal léchés, pédants, suffisants, sinistres, méchants, idiots, barbares ou sournois, tout n'est qu'un premier aspect de notre spectacle magique, notre marque de fabrique : il faut donc s'entraîner bien sûr et surtout faire consciemment le premier pas...
Quitte à tomber, se fracasser, voler en éclats.
Le monde tourne comme la roue du potier.
Les morceaux se rejoignent, se recomposent et la ronde continue jusqu'aux retrouvailles avec l'ivresse, la joie, la douleur ou le désespoir, qu'importe : les portes de la vie sont à jamais ouvertes, puisqu' elles disparaissent sans même laisser de traces.
C'est là, camarade, que l'on peut enfin dire quelque soit notre condition du moment : «Tout baigne ».

vendredi 27 juin 2008

Le passage à travers

Rues, pierres, amas d'immeubles et grondements souterrains
Machines et grues, klaxons à te crever les tympans
Puanteur des quartiers et des faubourgs, fantômes en laisse agrippés à leur jouet
Courses assoiffées vers nulle part
Buts sans cible, cibles sans but, insensibles vies et trépas cachés
Bouffes, beuveries, sirotages et matchs de foot
Routines de pendus dans ces pénitenciers à l'air privé d'oxygène

À travers tous ces puzzles d'une réalité complètement rêvée
De douleurs à l'arraché, de joies fatigantes et d'activités inventées par hasard
Je crache dans les nuages le goudron d'une planète
Et je passe le miroir aux alouettes d'une tension de mes mollets
Laissant tout disparaître en un instant de présence simple
Dans le son d'une syllabe sortie de mon ventre
Elle même se dissipant en un dernier point qui n'existe pas
Lumière sans ombre portée
Une élégance silencieuse, un salut indicible
Et mon humour spontané en offrande aux trublions de la fête
Invisible à notre regard commun

mercredi 25 juin 2008

Lassitude et dérision

Tant de monde à se mouvoir tel un troupeau
En celà rien de nouveau
Frère François en riait déjà lorsqu'il citait Panurge
Rien n'a changé, ni lettrés ni analphabètes, personne ne s'insurge.


Les anarchistes de magazine et autres scribouillards de canards jouant la carte de la satire et de l'humour, restent, en gratte-papiers, confortablement assis dans leur salle à manger devant la télé, se plaisant à dénoncer les petites forfaitures de leurs contemporains : un esclavage comme un autre.

Je m'ennuie dans la foule de mes congénères dont les trouilles profondes ne pourront que rarement surgir afin de réveiller leur coeur de cristal.

Il ne s'agit pas d'accumuler les connaissances mais d'ouvrir un peu ces yeux qui nous relient à la simple conscience, la plus simple, celle qui dépasse bien sûr l'entendement falsifié par des siècles d'imposture, intellectuelle, mentale, émotionnelle, imposture gavée de convoitises sans grandeur et de haines farouches pour l'amour du pouvoir. Pouvoir de qui et pour quoi d'ailleurs, c'est la grande farce dont personne ne rit jamais.

La soi-disant science et ses fabricants de jouets de consommation n'est pas meilleure que la sainte inquisition dont les jouets, plus douloureux, certes, prétendaient en plus être spirituels ha ha ha.

Savoir où se logent les bases motrices, les lieux de perception sensorielle dans le cerveau des hominidés a-t-il quelque intérêt face à cette mort et à cet inconnu que chacun déguise et oublie après trois larmes et un bon repas, sans se soucier le moins du monde de la portée de ses propres actes ?

Oui, bien sûr, on soigne, on semble guérir parfois mais dans quel but ? Continuer à vivre dans l'absurde ?

Ah, les bonnes vieilles maladies, la peste et le cholera. Le feu brûlait tout et l'on fuyait exactement comme aujourd'hui mais de façon moins subtile, bien sûr.

Les guerres sont plus vicieuses, les peuples toujours autant manipulés par leur propre ignorance d'ailleurs, pas par les marionnettes croyant manier les ficelles.

Les religions virulentes s'embrasent d'un égoïsme salutaire pour les ardeurs guerrières des gènes frustrés.

Les philosophies et les sciences expliquant le monde ? Qu'en a-t-on à faire par tous les diables ?

La politique nous ferait marrer si ce n'était qu'un fonctionnement désespéré pour ceux dont les ambitions se réalisent quelques instants, le temps de détruire un peu plus sans même le savoir. Pour celà, pas de bord, ils ne savent pas qu'ils sont du même côté. D'ailleurs ça tangue un peu trop...

C'est pour ça, sapiens sapiens, que tu es venu ?

Moi, je te le dis, je préfère les gorilles qui n'emmerdent personne et en plus sont végétariens.

Et pourtant on les tue, quelle amertume.

Voilà camarade, un discours sans rigolade sauf celle crispée face au spectacle que mes yeux de grossier pantin voudraient transformer en lac de beauté.



lundi 23 juin 2008

Une machine hautement sophistiquée mais pour qui et pour quoi ?

Comment est-il possible d'imaginer les époques anciennes, lorsque par exemple les celtes vivaient en symbiose avec un univers présent et décodable à chaque instant, gravant pour mémoire dans la pierre des symboles encore vivants aujourd'hui ? Ou encore nos frères des plaines sacrifiant et respectant le bison sacré qui les faisait vivre ? Ou encore toutes les formes de nomadisme à travers ce monde, avec leur éthique précise, faite pour la survie et pour la vie...
Le spectacle des grandes cités nées de la «révolution industrielle» transformée aujourd'hui plus précisément en «révolution technologique» explose en un quelquechose qu'autrefois d'aucuns auraient trouvé diabolique.
Des jouets, bien sûr, encore plus de jouets fascinants pour les naïfs que nous sommes, ne voyant pas plus loin que le bout de notre nez. Et crois-moi, camarade, je suis anar dans l'âme et n'ai aucune envie de rejouer la grande farce malsaine de la sainte inquisition.
Mais quand on voit le chaos, j'ai plutôt envie de dire la perversité comportementale de certains êtres totalement perdus dans le dédale des mégapoles, comme noyés dans des marécages dangereux, mortels - je n'ai pas le courage de donner de détails - tous les extrêmes sont présents, tous les vices, tous les «arrachés de la tête» y vont de leur agilité obsessionelle et le corps humain, on finit par se demander à quoi ça sert.
À quoi bon cette cervelle, pour percevoir et surtout pour faire quoi ?
C'est à ce moment précis que reviennent à ma mémoire certaines conclusions sur la perception par les êtres vivants des phénomènes issus du contact sensoriel et mental avec le monde dit extérieur. Là, je comprend mieux que des milliards d'univers se croisent et ma petite personne fragile et changeante fait partie de ce lot incommensurable.
J'en conclus que nous sommes toutes les formes de vie possible même celles que je
peux percevoir comme les plus folles. Nous formons des groupes, des sous-groupes, des sociétés où certains croient communiquer avec leurs antennes naturelles ou paraboliques. Tout celà m'arrache un peu les tripes parce que j'ai une impression de bordel généralisé et le mot même de chaos me semble inapte à traduire la diversité intense des choses dans leur déploiement sauvage.
Comme un chien apeuré par l'orage, je trottine pour aller me réfugier sous l'auvent du ciel inaltérable, près d'un océan de préférence, y retrouver la simplicité de respirer, de sentir battre mon coeur, de m'extasier devant la beauté d'une femme qui passe, ceinte d'un pareo ou d'un quelconque tissu coloré.

lundi 16 juin 2008

En jouant parmi les braises



Tant qu'il y a du feu il y a des braises après les cendres
Les incendies se déclarent comme l'amour, grâce à une étincelle
Et ça donne souvent de grands brûlés comme notre «Patient anglais»
Le brûlé a besoin de morphine, c'est un témoin à peine vivant de l'enfer
Mais pourquoi ne pas s'ouvrir au silence après le tumulte
Ne pas laisser tout simplement, ne pas lâcher toutes les laisses
Et jouer comme un enfant parmi les braises ?

lundi 9 juin 2008

Entre désir et peur il y a un espace calme, un moment idoine pour décider

Ce qu'il y a de bien chez un danseur mondain, c'est la sûreté, la précision, la légèreté et la grâce de son pas. Des années de travail bien souvent pour parvenir à cette mesure harmonique, cet équilibre manifesté par le couple sur un tango, une valse ou une salsa...
Quand je me regarde vivre il m'apparaît que c'est la conscience simple et vive de l'instant, non brouillée par un réseau confus d'impertinences mentales, qui permet de prendre une décision et donc d'agir lorsque c'est nécessaire. Pour celà, deux choses : -Être apte à regarder tranquillement une situation
-Agir selon son coeur
Recette simple si l'on n'est pas piégé par les incessants mouvements des pensées auxquelles on donne une importance qu'elles n'ont pas. Et ce piège fonctionne magnifiquement bien avec nous autres humains sans cesse pris entre peurs, aversions, désirs et bien sûr frustrations...Tout celà parce que nous ne nous contentons pas de la vie offerte et qu'il faut toujours ajouter quelque chose...
Alors, voyant cela, j'essaye de retourner à ce calme naturel fait de bienveillance aimante, cet espace rafraîchissant de l'esprit, notre sauvegarde à tous...
Et pour bien s'y retrouver il faut une attitude de détente, de lâcher prise, de confiance...
Comme les choses semblent simples... Mais, comme pour le danseur de salon, il faut beaucoup, beaucoup de travail, beaucoup d'entraînement pour danser sur le courant de fraîcheur de nos natures claires et calmes...


jeudi 5 juin 2008

Jour du poignard magique : les vapeurs s'éclipsent

Pas trop de commentaires : s'il faut choisir ses ivresses, j'ai laissé les liquides sinueux au profit d'un acte planté comme la dague sur un démon récalcitrant, sceau magique. Point.

lundi 2 juin 2008

De Valera's Irish pub, étangs d'Ixelles, travaux sur la place

Le Glenfiddish m'est toujours apparu comme un remède : couleur, reflet, descente en chauffe douce mais insistante : tous les ingrédients pour dérouiller un poignet de scribouillard et ouvrir les fleurs de l'âme à des cieux inattendus.
Les parfums se déclinent alors en hiéroglyphes silencieux, signifiants, signifiés.... C'est l'heure du poète. Le poète, c'est à dire le traducteur de l'intangible comme du réel.... Un réel trop rapide pour les synapses mais suffisant pour chevaucher la lumière.
Il y a cet étrange ballet des activités humaines , ces échanges de mots en taffant sur une clope devant une bière pils avec en fond sonore le son d'une scie circulaire découpant une barrière de métal....Un ou deux verres sur une table, des bureaux qui se vident à l'heure de l'apéro sous le soleil de juin et la laideur d'une cité en travaux...
Ça cogne dans chaque poitrine, chacun son rythme, ses schémas mentaux, ses impulsions souterraines, ses rêves, ses désirs, ses haines pernicieuses ou ses traumas plus ou moins gérés, ce qui revient au même...
Si le regard se focalise sur les vies sous-crâniennes et émotionnelles le paysage varie à la vitesse d'une spirale galactique....
Il y a aussi les plus calmes, les jouisseurs d'un instant, humains pendant ces secondes sifflées à l'ennui...
La couleur des visages, le tracé des grimaces sont un leurre : un éclat de perception, le piège d'une pensée, un souvenir brumeux sont tout autant de balafres invisibles et violentes taillées dans toutes les énergies sous-jacentes de ces corps avachis, assis ou en mouvement...
L'impasse, le tableau noir quand même...
Que fais-je à tracer des lignes pour soi-disant peindre une réalité issue de ma propre vision ? Tout le monde s'en fout, c'est normal. Ça ne sert à rien ni à personne...
Je vais donc jouer à l'apprenti maître sorcier et te balancer tel quel le pur éclat d'un diamant bleu tournant sur lui-même comme une toupie, dont la vitesse croissante augmente les multiples éclats.
Il est la base, le point de rencontre, le point culminant de toute cette farce apparente...
Il n'y a que lui. Ses reflets d'une magique beauté sont les apparitions de ce théâtre moderne où disparaissent cependant le passé, le présent et le futur...
La liberté de ce diamant sans naissance me donne la force de sourire à la jeune et aimable serveuse venue recueillir mon verre vide et attendant, détendue, que je continue la commande...

dimanche 25 mai 2008

La forteresse libérée



Où est-ce ?.. Inutile, camarade, les noms du passé ont laissé place nette, avec quelques couleurs de bougainvillées parsemant les murs de la cité et un vieux fort comme témoin - symbole tardif et vivant - de 3000 ans d'un courage farouche. Il reste l'orthodoxie, ses ors et sa dévotion cachés derrière les pierres de petites églises où brûle continûment au moins un cierge pour illuminer le monde qui n'en sait rien,... Bien sûr.
J'ai frôlé les pavés de la vieille ville avec au coeur un secret qui labourait mes veines... Il fallut diluer au retsina et parfois à l'ouzo à la blancheur de lait....
Mais rien à faire, dilution d'illusion et le sang caché jouait les bourreaux tandis que je tentais vainement de retenir cette pure félicité qui guettait comme une ogresse folle, avide d'avaler....Alors, tu vois, j'ai laissé faire en regardant le miroir de la mer dont je goûtais les fruits... L'ogresse roucoulait dans mon coeur, repue mais toujours menaçante et je ne dirais pas ces mots que tu n'attends pas : la fleur est intouchable et la vieille démone qui use de mon visage pour flouer les braves gens se tient coîte parce qu'elle a peur de mon ardeur tartare.
Personne ne souillera ces pétales immaculés. L'ogresse le sait, elle est une bien vieille amie. Elle sera protectrice, même.
Juste un mot encore...Dans ces rues étroites, chaque battement de mon coeur rendait un hommage précis, comme toujours. Il vint cependant se prolonger sur un visage royal aux pommettes parfaites.

mardi 13 mai 2008

Nuit inouïe

La chambre est chaude malgré l'insistance du ventilo
Et pour le sommeil, bonsoir
Les pensées ronronnent avec ces petits déchirements, symptôme
Que l'on est piégé par le staccato silencieux des émotions à tiroirs
Il faut alors s'asseoir et poser les yeux sur cette grammaire ignorée
Qui, même étudiée des millions de fois passe encore inaperçue
Normal. Pourtant il paraît que les ânes ont de la mémoire
Plutôt que de braire je me pose face à l'écran en surchauffe
Goûtant pour la millième fois le nectar des mots du géant des hauts plateaux
Impossibles à reproduire tout de suite, le tatouage est secret, plus profond que la chair sanguinolente et la hargne d'un fou
Solitude, silo à étude, seul n'est pas le seul
Ici, cette nuit, la mémoire me revient
Il ne sert à rien d'avoir peur, donc il ne sert à rien de haïr
Ni d'ailleurs de croire conjuguer l'amour alors qu'il s'agit d'enfantillage
De sexe bon marché ou d'état d'âme à faire marrer les goules
Sans attraper la lune ni décrocher les étoiles je plante mon arme
Dans la terre aride de mon esprit et je te le jure par les cornes du diable si tu veux
L'eau jaillit déjà



lundi 12 mai 2008

Les obstacles

Né dans l'absurde, éduqué dans un rêve social et guerrier
Choyé par des mamies barbues au coeur d'or
Hypnotisé par la force et l'autorité
Déchiré par tes propres fantasmes
Te voilà toujours errant et solitaire en deçà des apparences tronquées
Encore heureux que dans toutes ces brumes fantasques
Le vieil homme au chignon blanc fasse, de temps à autre
Sonner les chaînes du pont pour te secouer
Pas de trêves pour les pleutres et les victimes
Tes désirs tripaux, tes peurs primales et tes dégoûts d'enfant gâté
Tu peux les laisser jouer sur le trottoir avec les chiens du quartier
Et ne te crois pas maltraité pauvre petit sac à merde prétentieux
Ni par la vie ni par quiconque
Qu'importent les moments noirs, le sang, les larmes et la misère
Il paraît que le sapiens sapiens s'est redressé
Il ferait beau voir ( comme dirait Simone, eh oui, même là je ne peux m'en empêcher )
Que ses descendants
Jouent les bossus et les lâches
Ainsi morigéné-je ma pomme, camarade, face aux circonstances adverses
Pour ne pas faire semblant de sombrer dans la crétinerie, obtus et crispé
Mais plutôt afin de préserver mon penchant pour la prière pure
Ma seule lumière dans cette vie
Ma seule poésie
Ce quelque chose générant humour et légèreté
Qu'il faut parfois cacher sous des airs grognons ou de mauvaises humeurs
Aux enfants de ce cirque envahissant : mes chers contemporains

lundi 5 mai 2008

La plaine est vide


Seul au milieu de nulle part, sous les nuages dansants de la plaine où soufflent tous les vents, je continue ce périple commencé il y a mille ans. Ou bien un instant, comment savoir ?
D'ailleurs je m'en fiche, je ne suis qu'un voyou parfois touché par la grâce, cette douceur venue je ne sais d'où qui s'empare et dicte tout.
Les vents me bousculent comme les rêves me poussent et je suis impuissant en grignotant chaque pas, espérant une rencontre, une outre d'eau-de-vie, une nuit sous la tente dans l'ivresse réjouie, les mains calleuses se passant le bol toujours rempli...
L'air est pur,les cîmes sont proches et voilà un canyon au fond duquel roulent des eaux furieuses. Et, chance, un pont de fer suspendu avec sa lourde puissance surgît telle une invite insistante à passer...
Tout balance et l'orage gronde, tandis que la foudre se met à tomber, des grêlons menaçants claquant sur les chaînes du pont...
Renégat, voleur, lâche individu, je m'attends au pire sur le pont du destin où mes pas trébuchent. Ha ! Qu'importent mes états d'âme devant l'implacable dieu dont la gueule ouverte signifie mon congé de ce monde...
Mais il s'efface parmi éclairs et grondements tandis qu'un vieil homme au ventre large, puissant, apparaît dans cette tourmente, au bout de ce pont de chaînes emmêlées...
Toutes mes paniques, mes peurs, mes horreurs se transforment en larmes et je tombe à genoux aux pieds du solitaire au haut chignon blanc...
Quand j'ouvre les yeux, apaisé, plus personne, un ciel immaculé et des neiges bien plantées sur leurs sommets parfaits...
Je me relève un peu lourd mais le coeur plus léger. Mon sac et ma canne comme complices, mes pas m'entraînent vers ce nulle part de toutes les aubes, de l'impérial festin, de l'amour qui tout engloutit comme un ogre explosant de bonté, vers le regard aperçu un instant qui brûla tout pour laisser vivre...
Et je ahane, piètre guignol sous les astres, encore un pas, puis un autre mais je ris sous ma barbe de poils mi-roux, du ridicule ainsi exposé par cette mienne carcasse et cet esprit trouble...La vie est si belle mon gars

dimanche 4 mai 2008

Écorché mais encore vif, par tous les diables !

Pourquoi faudrait-il toujours associer un corps humain ( tout du moins d'apparence, le sujet est très nuancé et assez vaste quand même ) à ce que l'on appelle «moi», mieux encore, «moi, je ». Moi je, moyenâgeux, moi y en a je ha ha , on peut jouer beaucoup avec ces histoires de moi, de mois...Le langage peut sembler irrationnel mais je vous assure que nenni, c'est mon intuition du moment la plus claire, l'esprit humain allant plus loin que tout le connaissant, le connu, ainsi que les cons et les connes nues aussi d'ailleurs.
J'essaie d'être un peu sérieux mais c'est tellement difficile pour moi, veuillez excuser cette incompétence, j'ai été éduqué, enfant et adolescent, par des êtres pour qui tout était sérieux, des religieux bien sûr.... Il s'agit donc du choc en retour, la révolte contre des coincés du bulbe, sûrement de braves gens mais les braves gens sont souvent lâches, hélas. Et qui dit lâcheté dit manque de tension. Et ce qui tend et sous-tend les choses c'est ce qui donne la motricité, le mouvement, la vie quoi...Ce qui ne signifie pas que la lâcheté puisse signifier détente, par opposition. Non. Tout à fait non. La lâcheté c'est la détresse à l'état pur, la peur primale, l'accrochage à ce «moi» évoqué plus haut.
Le propos est vaste, vraiment. Mais grâce à ma folie de prince débile, aucune vergogne ne m'arrête puisque c'est mon coeur qui parle, celui que n'importe qui peut piétiner à sa guise... Il semble fait pour ça, apparemment. Pas de souci comme on dit aujourd'hui.
Le problème de l'humain lignage ( toujours cette sempiternelle référence à Villon mais je l'aime que voulez-vous ), c'est l'association de malfaiteurs.
Je m'explique. En l'occurence les malfaiteurs sont les gangsters issus des perceptions, des sensations et des désirs ou répulsions qui en découlent...
T'as un mec, soi-disant, installé à un bar, qui boit un verre de vieux Bourgogne, un vrai nectar. Tout à coup, une espèce de soixante-huitard baba-cool assez violent débarque et lui arrache le verre des mains pour l'avaler cul sec....Connerie et manque de goût bien sûr. Grossièreté, manque de manières, barbarisme quoi.
L'autre, interloqué, regarde cette masse de chair baveuse encore et se permet de hausser un sourcil afin de manifester un étonnement mêlé d'une ébauche d'indignation.
Joie de l'autre partie qui perçoit une réaction à ce geste légitime puisque décidé par lui, par ce «moi» authentique...
Une bonne vieille bagarre en découle pour le plus grand plaisir des accoudés du comptoir qui se mettent même à parier sur le vainqueur...
Quelle mélopée connue....La douceur d'un étalage d'adrénaline, indispensable à la survie ! Ha ha ha !!!
Tu regardes ces deux mecs s'en foutre plein la gueule et ensuite, fatigués mais repus de sang, se serrer la pogne pour s'offrir mutuellement des tournées...
Ouais, je sais que ça fait cliché mais c'est seulement pour illustrer et apaiser l'importance que l'on donne à tout ce qui est perçu par l'un ou par l'autre.
Du meilleur au pire, du pire au meilleur, ce n'est qu'une mêlée d'harmonies et de chaos selon les concepts du jour ou du siècle ou du millénaire, je m'en fous.
Ce que j'avais envie de dire, moi, ha ha ha , c'est que ce cirque n'a pas à nous émouvoir. Du coucher de soleil à l'aube magique, de la dispute avec ta femme qui est une harpie au charme du chant d'un enfant, il ne reste que l'aurore boréale, la beauté, l'inexplicable (heureusement), la poésie et la douleur, l'amour et l'immensité, tout cela ensemble....Là, le regard n'est plus celui d'un tel, il est celui de la tranquillité aimante. C'est quand-même peinard, non ?

jeudi 1 mai 2008

Retour à la nudité

Ayant lu tous les livres, la chair peut bien être triste et le poète avait touché là quelque chose d'essentiel.
Inutile d'effacer les données du disque dur, elles sont là depuis si longtemps.
Elles pourraient servir d'histoires à raconter aux enfants d'un âge d'or.
Mais sans jamais oublier la nudité, cette pureté dont l'humain devrait être le gardien attentif, lorsqu'aucun concept, aucun délire personnel n'a encore entamé la perfection naturelle de ce qui est.
Il est amusant de constater que le vocable «personne» en langue française contient deux significations opposées : l'allusion à une individualité, d'une part et d'autre part l'inexistence d'un quelconque individu ou bien son absence.
Certaine phrase latine, issue d'un rituel romain, est également amusante : « Ego te absolvo»
«Je t'absous»...C'est à dire qu'une personne, en quelque sorte, nettoie un de ses contemporains de toute responsabilité et donc de tout choc en retour quant à ses actes. Quelle étrange magie. On peut donc virer les données du disque dur de quelqu'un d'autre ?
Techniquement parlant c'est sûrement possible dans une relativité très restreinte.
Mais le simple bon sens ne pourrait cautionner la chose dans une optique plus large...Et le sens de l'honneur alors?... Ha ha ha : vocable perdu sans doute ?...
Ici, chers contemporains, nous commençons à nager dans un foutoir assez complexe de notions, de vues, de concepts et de croyances en plus...
Personnellement je me sens comme égaré dans le Labyrinthe avec la pauvre bête qu'on peut rencontrer à chaque tournant. Je suis seul, la copine Ariane a choisi de fuir dans l'espace céleste et j'ai déjà perdu le fil, incapable que je suis de vous offrir une quelconque cohérence dans ce propos.
Comme vous me savez slave et dingo, je vais donc abréger par décret : retrouvons la nudité vraie de notre conscience la plus simple, avec l'amour infini qui la sous-tend parce que c'est comme ça que ça marche. Ni peurs, ni couronnes, ni personne à blâmer ou à féliciter (ou alors juste pour faire plaisir)... Voir par le regard du ciel tout vaste. Et voilà. La petite notion de personne ou d'individu, au choix, fait des ronds de jambe, gênée et nous allons la consoler au premier troquet venu avec un bon douze ans d'âge.
Pas mal non ?


Éducation, morale ? Ha ha ha !!!

À toi, vieux frère au moins aussi cinglé que moi, je dois une réponse quant à la vue de ce que signifie, en ce qui me concerne bien sûr, les mots éducation et éthique ( évidemment «morale» c'est affreux et ridicule ).
Il s'agit ni plus ni moins de la gestion de nos différents cerveaux bien sûr. Dès notre petite enfance, ces chers parents - quelles que soient leurs qualités par ailleurs - nous transmettent leur expérience qui elle-même procède de celle de leurs ascendants.
Naturellement, ce n'est pas si simple. Les différents milieux sociaux, ethniques, la continuité ou non d'un style de vie voire même d'une vue de ce qu'est le monde et de la façon d'y faire face offrent une panoplie vaste et variée. En plus cette espèce d'opposition entre «Nature» et «Culture» dont on nous abreuvait lors de nos premiers cours de philo n'a pas de sens tant que les notions restent incomplètes ou floues. Pourtant il s'agit bien de «Nature» et de «Culture» dans le sens où la «Culture» serait la marque d'une hypothétique évolution.
Déjà il y a de quoi se marrer en énumérant tout ça...
Donc, je propose ma notion d'éducation avec un brin de tendresse et de reconnaissance en pensant à mon grand-père slave, ossète, cavalier émérite, guerrier généreux, homme plein de bonté et aristocrate russe authentique, bien loin de l'exemple misérable de nos singes titrés, prétentieux et coincés d'Europe. Êtres sans grâce et sans noblesse (la vraie).... Quelle dérision!
Bon, il faudrait faire court, jeune homme. Une pensée d'amour au vieux légionnaire de père qui m'a dressé cela va sans dire et même à ma mère slave et dingo aussi. Tous ces mélanges ! Une richesse certaine, beaucoup de chaleur, de fermeté, de sévérité même, une formation... De manière à vivre et à manifester une certaine tenue dans l'existence, pas une histoire de costard-cravate évidemment.
Pas évident pour le moutard que je fus et que je reste, quelque part...
Les épreuves naturelles de cette vie ont peaufiné et ajusté les données de base et l'«Éducation spirituelle» a permis d'aller plus loin dans cet entraînement débouchant sur une façon plus claire, beaucoup plus claire de «voir».
Finalement, ce qui m'est arrivé est un coup de bol personnel dans les méandres des destinées mouvantes que sont les vies des habitants de cette planète....
Il ne me reste plus qu'à la fermer puisque nous vivons encore dans la jungle même si les cris de certains animaux ressemblent à des vociférations, des grondements et autres borborygmes humains, à des crissements de pneus ou à des vrombissements de Mercedes cabriolet hyper cylindrées.
Il y a toujours des roitelets et des règles remplacés régulièrement dans ces jungles parfois junglettes ridicules. Républiques bananières si vous voulez.
D'un coup de balai - sans retirer ce que je viens de raconter - je m'instaure libre, limite anar, pas misanthrope mais en vous saluant gentiment de loin...

mercredi 30 avril 2008

Inappropriée déformation et pourquoi réagir plutôt qu'agir?

Le savoir-vivre, l'éducation quoi, voilà un motif de conduire cette vie sans trop de dérapages incontrôlés.
Pour un slave dingo ce n'est pas forcément simple ni facile. Il existe un paradoxe et des oppositions.
Donc, en définitive, il reste, face à une situation donnée qui pourrait tout à fait dégénérer en conflit, qu'il soit extérieur ou non à soi-même, l'entraînement préalable.
Article 1 : ne pas réagir en situation. Attendre.
Article 2 : comment faire pour exercer ce contrôle sur soi-même ? Réponse : surtout ne pas se prendre au sérieux, ni non plus pour une lumière immaculée
Article 3 : s'entraîner à développer une bienveillance naturelle et authentique, éprouvée, sans parti pris... Tout simplement parce que c'est l'attitude la plus intelligente qui soit
Article 4 : être constamment attentif à ne pas se laisser piéger par les circonstances, la fatigue ou autre facteur déstabilisant.
Article 5 : Ne jamais rien prendre personnellement et en le faisant de bon coeur. Ce point là seulement est d'une grande efficacité.
Voilà donc la leçon du jour que je me donne à moi-même ou dont je me remémore
pour cause d'incident dérapant, en me montrant du doigt face au ciel impavide qui contient de la même façon les cons, les abrutis, les petits imbéciles, les crétins de tout poil ainsi que tous les autres.
YO!

lundi 28 avril 2008

Liberté

Masses de chair, de viandes repues ou bien sèches
Bipèdes nerveux aux gestes trop inconscients
Cerveaux affolés dans tous ces regards perdus
Les dieux se gardent bien de nous vendre la mèche
Laissant les religions conserver leurs clients
Et tous les prétextes nés de leurs esprits tordus

En laissant de côté cette farce grotesque
En grimpant sur ce mont d'où la vue est plus vaste
Pris par l'horreur face à cette vision dantesque
J'ai quitté sans regret les conforts de ma caste

Me voilà maintenant seul à ne plus y croire
Ridicule pantin mais fier de le savoir
Parce que c'est à ta source que je vais boire
Pour délivrer mon coeur de tout ce cirque noir

Seigneur qui habite au sommet de la montagne
Dont le pic de lumière vient fouiller mes entrailles
Il suffit de te voir et la ferveur me gagne
Même si confus je ne suis fait que de paille

Toutes ces pensées qui nous agitent sans fin
Émotions digérées, vomies ou violentes
Tout cela n'est ni le diable ni bien malin
Ce n'est que la peur cette manie agaçante
Ce quant à soi issu de nos esprits pervers
Laissant ma chiourme ramer sur cette galère
Je fais claquer le fouet d'un réveil irréel
Et je disparais, nu, ingénu, dans le ciel

Ces quelques alexandrins, une histoire ancienne pour un hommage aux poètes apparus, disparus, facétieux, éternellement là.





lundi 21 avril 2008

Semois



En cette secrète contrée ou serpente la Semois, Ardennes à peine surgies des brumes médiévales, chargée d'émotions puissantes et de dévotion très pure, ce qui va assez bien ensemble, quelques joyeux drilles se réunirent en cette fin du mois d'Avril de l'an de grâce 2008, quelques instants après la naissance de notre Seigneur...Tant coula le vin que le sang fut dilué par le fruit de la vigne...
Besoin profond d'envoyer en volutes vers les cieux de Gaume, la joie de conviviales ivresses telle des prières variées pour soulager la terre de ses maux inconscients , ou bien forces vives pour porter encore et encore le fardeau de misère de l'humain lignage...
Un gitan, un indien, un slave, une sorte de Tartarin de Tarascon mâtiné d'Escartefigue, un flamand flamboyant et une amazonienne issue de la profonde forêt verte composèrent le tableau qui s'anima d' une vie intense en hommage au lieu et au Seigneur de l'invisible.
les corps touchaient à peine la terre humide et les rires crachaient des filaments de lumière...Les animaux sacrifiés n'étaient pas morts pour rien.
La détente qui suivit fut un don pour les eaux paisibles, où habitent quelques gardiens de trésors...
Juste quelques moments brillants dans le soir gaumais, une goutte d'amour pour l'océan immense, un geste simple pour adoucir les trop blessés.

dimanche 13 avril 2008

Le Treize


Aujourd'hui, une plate-forme d'envol
Pour les profondeurs du ciel...


dimanche 6 avril 2008

Nulle part où aller, nulle part où rester


«Que reste-t-il de nos amours, que reste-t-il de ces beaux jours...»
Chantait le fou poète dont quelques autres compositions furent reprises en swing manouche pour ma joie de rêveur-voyageur...Que faire lorsque l'on est totalement décalé dans une époque, un lieu ?...Si on a du talent, peut-être comme lui, le baladin des années trente et quarante et même cinquante...Sacré Charles....Ou comme Django, selon moi le meilleur guitariste dont accoucha l'humain lignage, une main brûlée pour le génie et les cordes tendues pour de suprêmes harmonies....
Et quand on est un quidam comme ses milliards de contemporains, à quelques nuances près ?...
Surtout pas s'attendrir sur un petit soi respirant à peine, même si tout est «boring» parfois ( le mot angliche est pas mal pour le son )...Mais cautionner cet autre genre de rêve appelé réalité, pas question non plus...
Puisqu'il n'y a que rêve, larguons donc les amarres pour visiter l'univers aussi réel dans le ciel, sur l'océan, dans le tube à essai, sous les yeux « autorisés » du microscope et du télescope ou dans mes rêves après tout...
Oui, bien sûr, la douleur, la faim, la soif, la maladie, l'arrachement, la folie furieuse, la routine, le meurtre, le massacre, autant dire une certaine forme perverse de cauchemar....
Ce corps-esclave témoin de tous les tourments comme de toutes les félicités pour vaisseau, autant vivre, alors, la seule liberté qui nous reste, celle qui ne peut être trouvée ailleurs que dans l' esprit, pour autant que l'on puisse en voir, en goûter la nature.... C'est pour cela que la seule option, pour un gars comme ma pomme, c'est le voyage... Pour aller à la rencontre - quelles que soient les aventures à traverser - de cette nature qui dépasse tous mes rêves les plus fous : la chasse au Grand Trésor en passant par les méandres de mes consciences...Ou bien la promenade vivifiante de l'Aventure ( au sens Chrétien de Troyes du terme)...Au choix, ha ha...
À la bonne vôtre, donc, et encore un petit verre pour la route !